Qui a dit que la Grande-Bretagne n’avait pas été occupée par les Allemands ? Les îles de la Manche, Jersey et Guernesey, sont les seuls territoires rattachés à la Couronne britannique à subir l’occupation. Mais celle-ci s’avère être la plus longue de la guerre : 4 ans et 10 mois, du 30 juin 1940 au 9 mai 1945, un record. Dans un ouvrage très intéressant, particulièrement détaillé et faisant la part belle aux témoignages, Philippe Rouyer revient sur un épisode singulier de la Seconde Guerre mondiale.
Lorsque la guerre éclate, aucun insulaire ne pense être un jour envahi par les Allemands. C’est même tout l’inverse. La douceur de vivre ne semble pas être ébranlée par les nouvelles de l’invasion de la Pologne. Puis c’est la débâcle des armées alliées et l’Angleterre rembarque ses troupes à Dunkerque. Fin juin, les Allemands prennent pied en territoire britannique. Dès lors commence une cohabitation très particulière sur un territoire réduit où toute résistance active est impossible. Les habitants vivent sous la botte nazie et enfreindre le règlement peut conduire aux camps de la mort. Iliens et occupants lient ainsi leurs destins, plus qu’ailleurs. L’exiguïté de la zone occupée et l’absence de combat entretiennent des relations pour le moins singulières.
L’auteur revient également sur l’après Jour-J, car les îles sont complètement isolées. C’est le temps des privations et des maigres ressources car plus aucun approvisionnement allemand ne parvient sur les îles. Dès lors, occupants et occupés vivent le même sort.