Axe & Alliés 26 (2011)
Chers lecteurs,
En près de 70 ans, la plupart des mémorialistes et des historiens ont vu les batailles dans la région de Smolensk, de juillet à septembre 1941, comme des combats anecdotiques qui auront eu pour seule incidence notable de freiner la poussée allemande vers Moscou. La Wehrmacht a démarré l’opération « Barbarossa » le 22 juin 1941 sur un front démesuré s’étalant de la Baltique à la mer Noire. La guerre éclair et les terribles percées menées par les panzers ont permis aux forces d’invasion d’écraser les armées soviétiques défendant la frontière occidentale de l’URSS. Au cours de cette avancée foudroyante, la bataille de Smolensk, qui débute le 10 juillet et se termine le 10 septembre 1941, se solde par des encerclements gigantesques autour des nombreuses troupes soviétiques prises dans la nasse. Mais cette victoire est-elle totale ? Pas si sûr.
Basé sur les études récentes de deux spécialistes de la question, l’Américain David Glantz et l’Allemand David Stahel, notre dossier montre que Smolensk est un véritable tournant dans la guerre et que la bataille a infligé de très lourds dommages au groupe d’armée Centre, chargé de prendre la capitale de l’URSS. Il met également en lumière un élément crucial longtemps négligé : les Soviétiques ont saigné les armées allemandes, déjà exténuées par des semaines de combats et de problèmes logistiques, et ont même été capables de reprendre l’initiative à leur adversaire. Enfin, il souligne les relations très tendues entre Hitler et ses généraux, dont certains ont craqué nerveusement face à la situation catastrophique dans laquelle étaient plongées leurs unités. En juillet 1941, beaucoup pensaient déjà que la guerre éclair était terminée et que le conflit à l’Est allait s’éterniser…
Bonne lecture.
Boris Laurent
Juillet – août 2011.